Du 23 au 25 novembre, le Centre Phi braque les projecteurs sur la ville allemande de Hambourg et son célèbre festival du cinéma en accueillant Kathrin Kohlstedde, programmatrice du festival.
Comment est né Phi aime Hambourg?
Chaque année, le Festival du film de Hambourg met en vedette le cinéma québécois, c'est devenu une tradition. Xavier Dolan, Denis Côté, Léa Pool sont tous venus présenter leurs films, apportant un vent de créativité et une sensibilité cinématographique époustouflante. Le moment était venu pour Hambourg de rendre la pareille. Comme on ne pouvait pas déménager la ville de Hambourg tout entière, on a apporté nos films, des films cultes en Allemagne qui représentent notre ville et ont su capturer sa personnalité plutôt unique. Chacun des films sera présenté par un réalisateur québécois qui a visité le festival et qui peut témoigner des atomes crochus entre nos deux villes.
En quoi Montréal et Hambourg se ressemblent-elles?
J'ai visité Montréal à plusieurs reprises, c'est une ville que j'aime. Comme Hambourg, Montréal est une ville portuaire, et le fait d'accueillir les étrangers, leurs cultures, leurs idées et leurs différences crée une ouverture d'esprit qu'on sent dans les deux villes. Hambourg a beau être la deuxième ville en importance en Allemagne, elle garde un esprit rebelle. Les gens tendent vers la gauche, ils sont plus engagés, quoique plus relax aussi. Il y a une joie de vivre à Hambourg que je ressens à Montréal. J'ai bien hâte de voir si votre nouvelle mairesse va prendre sa bicyclette pour aller au travail! (rires) Bref, je voulais partager cette communauté d'esprit avec les cinéphiles montréalais.
Parlez-nous des films que vous avez sélectionnés pour le Centre Phi.
Phi aime Hambourg présente trois films (et un spectacle de dancehall allemand) qui dépeignent Hambourg, bien sûr, mais aussi le zeitgeist allemand, c'est-à-dire le climat culturel et les habitudes de pensée, des années 70 à aujourd'hui. On voit combien les années 70 étaient réactionnaires face au conservatisme rigide qui régnait en Allemagne. Après sont venues les années 80, qui tenaient plus du plaidoyer pour un activisme politique et intellectuel... tout en s'offrant de nombreuses explorations sensuelles. Aujourd'hui, l'Allemagne vit une ère très identitaire avec la génération des milléniaux qui sont hédonistes à divers degrés, en Europe comme ailleurs. Donc, chaque film documente son époque et la série dans son ensemble propose un voyage à travers l'identité d'une ville semblable à Montréal, comme je disais. Je crois que les spectateurs y trouveront de nombreux parallèles.
Absolute Giganten
«Tous les films présentés n'ont rien d'une carte postale. Ils nous montrent la ville avec son côté sale et industriel, mais aussi authentique, chaleureux, dynamique. La ville devient un des personnages du film et ici les personnages viennent d'un milieu social défavorisé. Absolute Giganten nous entraîne dans le zeitgeist allemand de 1999, donc à la fin du millénaire. À un moment, un des personnages déclare: ‘‘Il devrait toujours y avoir de la musique. Pour tout ce qu'on fait. Quand la vie devient complètement fuckée, la musique serait encore là. Et au plus beau moment d'une chanson, le disque devrait sauter et te faire écouter ce moment pour toujours’’. Ça résume bien ce film qui se déroule la nuit et qui raconte les dernières heures passées par trois amis avant le départ de l'un d'entre eux. C'est l'histoire d'un adieu, qui nous rappelle l'importance d'apprécier ce que la vie nous apporte, doublé du portrait d'une génération confrontée à ce tournant millénaire. Le film nous fait vivre toutes les émotions de l'amitié. Il s'attarde sur la ‘‘famille d'amis’’ qu'on se choisit loin de la famille biologique, sur une génération ancrée dans ses rituels et ses expériences communes, qui veut tirer le maximum de la vie.» Projeté le 23 novembre en présence du réalisateur Stéphane Lafleur, qui échangera avec le public.