Des paroles qui dénoncent, des rythmes qui bercent, des images qui osent. L'heure du thé n'aura jamais été tant infusée d'émotions parfois crues, douze précieux complices du Phi ayant accepté ici le défi de se dévoiler sous un nouveau jour. Comment ? En partageant leur poème préféré et, par le fait même, en nous faisant découvrir quelques-unes des voix de la poésie moderne. Dans la troisième partie de cette série vidéo inédite produite et créée par le Phi, Peaches, Pierre Kwenders et Jessica Brillhart se prêtent sans censure au jeu des rimes et des sonorités pour nous servir un moment d'introspection...
Why do you ask me?
Peaches récite Vaginoplasty, de Peaches
On n’est jamais si bien servi que par soi-même? La musicienne torontoise et artiste de la scène Peaches transforme ses réflexions en chansons depuis les années 1990. D'une décennie à l'autre, elle a aussi prêté sa voix puissante aux grands noms de la musique, souvent punk, de Iggy Pop à Pink. Flamboyante, déchaînée, sans inhibitions et allergique aux préjugés, Peaches aborde les enjeux controversés de l'heure avec aplomb. À preuve, avec Vaginoplasty—chanson pop qu'elle déclame en poème incendiaire—, elle exalte à la fois la générosité du corps féminin... et dénonce ce fléau du paraître chez les ados.
Jessica Brillhart récite All Watched Over By Machines Of Loving Grace, de Richard Brautigan
Un champ de fleurs où les humains gambaderaient aux côtés de robots, heureux au point d'en toucher le ciel? Comme le poète américain Richard Brautigan, qui rêvait d'étonnants lendemains auprès de «machines d'une aimante grâce», la théoricienne de la réalité virtuelle Jessica Brillhart est parmi ceux qui souhaitent ardemment cette coexistence avec les machines. L'écologie cybernétique n'effraie en rien cette ex-réalisatrice VR de Google qui conçoit tout de la vie en 3D et produit des œuvres faisant valser le cosmos aux sons de la 5e de Beethoven. Une pionnière acclamée par le MIT qui nous révèle son plus intriguant poème? Irrésistible!
past computers
as if they were flowers
with spinning blossoms.
Pierre Kwenders récite ESANZO, d’Antoine-Roger Bolamba
Des petits poèmes familiers, simples et gracieux, diront les penseurs quand le Congolais Bolamba publie ses Esanzo, Chants pour mon pays, en 1955. Dans l'Afrique peinant sous le colonialisme, il en faut du courage pour oser donner une voix à sa culture. Pierre Kwenders l'a compris, lui qui outrepasse les frontières avec ses compositions en cinq langues. En 2015, il remporte le prix Vidéo de l'année au gala de l’ADISQ pour son Mardi gras, parfait exemple d'une «pop quasi expérimentale à force de tester l'improbable, le jamais fait avant», selon Les Inrocks. Le jamais fait, comme Bolamba, quoi.
du bois et du feu